Je voudrais dire aux femmes qu’elles peuvent faire des choix, même si cela semble un peu délicat au début d’un parcours de soins du sein et/ou de guérison d’un cancer. Tout d’abord, faisons l’inventaire des choses que j’ai pu librement choisir dans mon parcours de soins : 

  • Ne rater aucune visite de dépistage : mon choix.
  • Choisir mon médecin, la technologie et les centres de traitement : mon choix, dans le pays où je vis.
  • Trouver des moyens personnels et les mettre en œuvre pour augmenter mes chances de guérison : mon choix.
  • Opter pour la reconstruction mammaire ou non : mon choix.

 Je voudrais vous raconter mon histoire et vous expliquer comment mon état d’esprit et mon corps ont évolué et m’ont amenée à choisir la reconstruction mammaire. Souvent, des femmes me posent des questions à un stade précoce de leur parcours, et je veux qu’elles sachent que nos façons de penser changent et évoluent. Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir pris le temps de réfléchir à mes choix. Indépendamment du « comment », je savais que cette décision aurait un impact sur ma reconstruction mentale et physique pour le reste de ma vie. J’ai pris le temps de réfléchir. Voici l’histoire de ma reconstruction et du chemin que j’ai parcouru sur la voie de ma décision. La veille de ma tumorectomie, je me suis retrouvée seule dans ma chambre à la clinique, après le départ de ma famille. Mon mari et moi avions pris la décision de demander au chirurgien de « tout enlever », autrement dit de faire une mastectomie. Tout ce que nous voulions, c’était me débarrasser de mon cancer à tout prix. Les dernières images montraient une masse beaucoup plus importante que celle repérée* au début, et nous savions que mon chirurgien n’avait pas encore vu ces résultats. J’avais reçu ces résultats avant lui, le jour même, juste avant de venir à la clinique pour mon rendez-vous. J’ai naturellement pensé qu’il ne pourrait pas maintenir le protocole qu’il avait envisagé, et je voulais en changer. Vous voyez comme un parcours de soins peut être déroutant... Au cours de sa tournée, le chirurgien est entré dans la chambre où je me trouvais. Je lui ai, pour ainsi dire, « sauté dessus » : - Vous avez vu les derniers résultats ? Ce n’est pas une petite grosseur que j’ai, c’est une grosse boule !! Il a pris le dossier. En effet, la grosseur que nous pensions être de taille minime et ne faire que quelques millimètres mésurait en fait plusieurs centimètres. Mais il n’a pas parlé de changer de protocole et a continué à nous conseiller une tumorectomie. J’ai insisté pour qu’il regarde les résultats à nouveau et la phrase est sortie de ma bouche, instinctivement - « Dans ma tête, je suis prête, docteur ! J’accepte l’idée de me réveiller avec un sein en moins après l’opération. Je vous donne l’autorisation de le retirer ! » Il m’a dit que ce n’était pas possible et qu'il fallait d'abord faire la lumpectomie. Si j’avais su ce que je m’apprêtais à vivre, j’aurais insisté davantage... Quelques jours seulement après cette opération, j’ai reçu les résultats de l’analyse. Ils n’étaient pas bons, évidemment. Après quelques jours passés avec des douleurs difficiles à supporter, je suis revenue à la clinique pour la mastectomie pour laquelle j’étais déjà prête 10 jours auparavant. J’étais toujours prête, à la différence que ces 10 derniers jours avaient été les plus douloureux de ma vie. Mon seuil de tolérance à la douleur était vraiment bas.... Nous avions attaqué « mon ennemi » lors de cette première opération, et je pouvais sentir sa vengeance dans mon sein. En vue de la mastectomie, je m'étais préparée à dire « adieu » à mes seins. Je souhaite à chaque femme de pouvoir se « détacher » de ses seins comme je l’ai fait, aussi rapidement. J’ai éliminé toutes les pensées émotionnelles liées à la maternité et à d’autres représentations symboliques. Il fallait que je le fasse, pour me sentir prête et l’accepter. Sentir que c’était mon choix. Mais revenons au sujet de mon blog : « l’acceptation » et la conscience de soi. Nous sommes sur le point de devenir quelqu’un d’autre. La mastectomie a été un véritable soulagement. Comme j’avais déjà commencé à tout consigner dans mon journal, j’ai fait un selfie pour illustrer ce que j’avais écrit. Bizarrement, je souris sur la photo, et on peut lire dans mes yeux que je me sens bien. Après toutes ces épreuves douloureuses, j’étais soulagée. La mastectomie m’avait enlevé un grand fardeau mental. Je me sentais bien ! Très tôt, je me suis sentie fière d’être différente. Je suis partie à la recherche de jolis dessous, sans doute pour conforter mon sentiment d’appartenance à une autre communauté de femmes : les Amazones. J’ai commencé à chercher des salons de tatouage où je pourrais me rendre une fois mes traitements terminés et ma cicatrisation complète. J’ai vu des femmes avec des tatouages qui recouvraient cette zone hypersensible du sein avec des fleurs ou d’autres symboles que les femmes semblent privilégier, car ils les aident à accepter leur nouveau corps. Indépendamment de qui elles sont, de l’endroit où elles vivent et de leur statut social, certaines femmes choisissent des tatouages incroyables...et ces tatouages façonnent leur nouvelle vie. Personnellement, j’ai pensé que je devais décider de ce que je devais faire très tôt dans mon parcours. J’ai donc décidé de rester dans l’esprit « Amazone », et de me construire un monde imaginaire où j'étais une guerrière héroïque à qui l’on avait enlevé un sein pour lui permettre de mieux se servir de son arc dans les batailles. Pourquoi pas ? Je me sentais déjà un peu androgyne, sans poitrine, sans cheveux... J’étais déjà entrée dans le rôle et dans l'histoire... Lentement mais sûrement, il est devenu évident que je devais aussi me faire retirer l'autre sein, pour me libérer des soucis et du risque de récidive. Mes plans et mon état d’esprit ont donc évolué au fil de ces changements. On peut parler de plans à long terme, car ma reconstruction et mes choix ont pris des mois. Et je n’étais toujours pas prête. J’aurais pu avancer « plus fort et plus vite », mais je voulais laisser mon corps récupérer un peu après toutes les opérations et les traitements. Je sentais quand mon seuil de tolérance à la douleur diminuait, ce qui était un signal clair que je devais ralentir. Je n’ai pu commencer à envisager une reconstruction qu’au bout d’un an environ. Uniquement une fois que tous les traitements (thérapie cellulaire et radiothérapie) ont été derrière moi. En vue de ce moment, je me suis informée sur toutes les techniques et j’ai examiné toutes les options avec mon chirurgien. Vous pouvez en découvrir quelques-unes ici : https://www.breastcancer.org/treatment/surgery/reconstruction/types La technique de reconstruction que j'ai choisie reposait sur l’utilisation d’un expandeur. Je n’avais pas envie d’avoir de nouvelles cicatrices, chose impossible avec les autres options de reconstruction. La technique de reconstruction mammaire par expandeur est très courante. Elle repose sur l’expansion des tissus résultant de l’étirement de la peau et du muscle du sein. L’expandeur ressemble à un implant mammaire plat, dans lequel on injecte régulièrement du liquide pour l’agrandir. On fait des injections jusqu’à ce que la taille idéale soit atteinte et qu’il y ait suffisamment de place sous la peau pour accueillir un véritable implant mammaire. Au bout de quelques mois, mon expandeur a été retiré et remplacé par une prothèse définitive. La même des deux côtés. Honnêtement, je ne peux pas dire que c’était très confortable – c’était même plutôt désagréable, mais là on en revient encore une fois à l’acceptation de la douleur et à la positivité. J’étais sur le point d’avoir des seins « tout neufs ». Des femmes qui n'ont même pas de cancer du sein se font bien poser des implants, alors pourquoi devrais-je me plaindre ? Avoir 2 nouveaux amis, c’est du bonheur pur. Mais laissez-moi vous avertir d’une chose : votre partenaire vous demandera très probablement, les yeux brillants, de venir à l’un des rendez-vous prévus avec le chirurgien pour « choisir la taille ». Déception en perspective (LOL). Cela a été un moment drôle et, à ce stade je pouvais voir la lumière au bout du tunnel. Mon mari aussi. Aujourd’hui, je me remets de mes nombreuses opérations, dont plusieurs n’étaient pas prévues en raison de complications inattendues. J’ai commencé à me sentir prête à mettre la « cerise sur le gâteau », si je puis dire. Je compte faire mon tatouage de mamelon en 3D. Vous pouvez consulter l’article d’Alexia Cassar sur ce même site. Je vous laisse découvrir comment Alexia aide les femmes à accepter leur corps après un cancer du sein. C’est assez étonnant. http://mymammo.com/alexia-cassar-brings-wholeness-back-to-breast-cancer-survivors-one-nipple-at-a-time/ Dans tous les cas, il y a énormément de choses que vous pouvez faire.... et que j’ai pu faire, pour regagner un peu de l’estime personnelle que j’avais clairement perdue en chemin. J'ai encore du chemin à parcourir, mais la sensation de porter un soutien-gorge et de le remplir est tout simplement incroyable. Je considère toujours que je suis devenue quelqu’un d’autre, mais il est clair que ma reconstruction m’a aidée à réunir les morceaux du puzzle de la femme et de la mère que j’étais. J’ai retrouvé une certaine conscience de moi-même, j'ai plus confiance en moi. Ça je le dois à mes proches et à moi-même. Je me dis toujours que les choses auraient pu tourner différemment et je suis très reconnaissante pour tout ce j’ai aujourd’hui. 

Alors, assurez-vous de faire le meilleur choix, parce que vous en aurez besoin et....parce que vous le méritez et que vous avez la liberté de choisir!


Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.