Être une maman et faire face au cancer du sein

Ce que nous savons aujourd’hui du cancer du sein, c’est qu’il peut frapper à tout moment, et que c’est un ennemi qui entre dans nos vies dans l’intention de tout ravager sur son passage. Notre vie et tous ses plaisirs sont balayés à la seconde à laquelle on reçoit les résultats de l’examen de diagnostic. Nous sommes si nombreuses à être atteintes, toutes avec des parcours particuliers et des situations différentes, avec des enfants ou non, avec un travail ou non etc. Et nous trouvons toutes un objectif et une raison de nous battre dans la vie.  Et si vous êtes maman, je pense que nous avons le même point de vue... Vous vous battez pour vos enfants. Le cancer peut frapper à tout moment. Lorsque vous êtes enceinte, ou lorsque vos enfants sont jeunes, ados ou adultes. Mais dans tous les cas, la question de la maternité et de la façon dont nous respectons notre promesse revient tous les jours, même pendant que vous combattez le cancer du sein. Comment pouvons-nous donc continuer d’être leur « meilleure-maman-préférée-super-héroïne. La meilleure du monde. La plus belle et la plus drôle. La plus cool. Celle que tous leurs amis aimeraient avoir ». Ces mots vous sont familiers, j’en suis sûre.  Le jour où j’ai reçu mes résultats, je ne suis pas sûre d’avoir vraiment compris ce que cela voulait dire à ce moment-là. Mes premières pensées ont été pour mes filles, parce que le mot « cancer » était pour moi un synonyme direct de « mort », jusqu’à ce que le médecin me donne des explications, ce qui a pris quelques jours. J’ai eu le temps de réfléchir, peut-être trop de temps, parce que j’étais convaincue que je ne verrais pas mes enfants grandir, que je n’assisterais pas à leur mariage, ou même que je ne verrais pas mes petit-enfants. . En fait, je pensais que ma vie était finie.  Alors j’ai parlé à mes filles pour leur expliquer ce qui arriverait à leur maman.  Mais je ne l’ai fait QUE lorsque j’ai été complètement sûre d’avoir compris à quel stade en était mon cancer du sein et plus ou moins ce que serait mon protocole de soin. Pourquoi ai-je attendu ? Parce que les informations et les nouvelles que j’allais donner à mes enfants devaient être exactes et expliquées avec des mots qu’elles seraient en mesure de comprendre. Elles avaient besoin de savoir la vérité, dès le départ, parce que si elles découvraient que leurs parents leur cachaient la vérité, elles ne me feraient plus jamais confiance à l’avenir. Pendant cette période, il est devenu terriblement important pour mes filles de savoir comment je me sentais, parce qu’elles voulaient m’aider et me soutenir dans mon combat. Alors je leur ai toujours dit la vérité. J’avais l’impression de devoir protéger mes enfants en leur disant toujours la vérité. Si je ne l’avais pas fait, j’aurais créé un environnement plein de doutes, d’interrogations, avec des bases très fragiles pour combattre le cancer du sein de leur mère. J’ai été très attentive à la façon de leur parler. Rappelez-vous de mon blog, ou revenez en arrière et lisez ma publication sur l’acceptation et le fait de ne pas se comporter en victime. Cela m’a été vital. J’ai montré à mes filles que j’étais aux commandes, en leur inspirant de la confiance, avec la conviction que c’était un chapitre pénible de la vie et que cela aurait pu être pire. Vous devez leur inspirer de la positivité ! Je n’ai pas hésité à en plaisanter lors d’une longue et belle soirée avec elles, à dire que la vie est belle et que nous formions une équipe pour ce nouveau chapitre qui allait être très difficile. Le jour où je le leur ai annoncé, j’ai créé mon équipe gagnante ! Elles ont vu que j’acceptais la situation, et elles m’ont suivie. Quand le moment est venu de m’aider à choisir mes écharpes, mon style de perruque, mon maquillage, de vérifier que je n’avais pas oublié de prendre un rendez-vous, j’ai relevé les pouces pour les féliciter de ce travail d’équipe. Et surtout, après chaque intervention chirurgicale, ou chaque traitement, j’ai pris soin de leur montrer mon corps, lentement mais sûrement. Elles devaient s’y habituer.  Dans mon cas, peu de temps après, elles m’ont regardée comme elles le faisaient avant, comme s’il ne s’était rien passé.   Elles ont dit « Ça a l’air bien maman ! »  Elles ont demandé si je souffrais, j’ai dit que non, puisque c’était vrai. J’ai expliqué que c’était ce qu’il pouvait m’arriver de mieux, et que j’étais une amazone, une guerrière légendaire, comme ces femmes qui se débarrassaient de leurs seins pour mieux chasser et mieux utiliser leurs armes. Elles m’ont regardée, puis elles se sont regardées pour voir comment elles réagissaient ou devaient réagir l’une et l’autre. Comme toujours, la grande sœur est restée positive et s’est exprimée avec beaucoup de sagesse, alors la petite sœur a fait de même. Tout était pour le mieux ! Elles m’ont ensuite aidée à remettre mon soutien-gorge et sont reparties se livrer à leurs activités habituelles. On aurait dit qu’elles s’étaient envolées comme deux magnifiques papillons… et je me tenais là, vivante, à remercier Dieu encore et encore d’avoir deux filles si adorables. Je ne me suis jamais plainte, ni comportée comme une victime. Je pense que cela aurait été trop lourd à porter pour elles. Mes réponses à leurs questions étaient « factuelles », je n’ai jamais menti, je ne me suis jamais plainte. À vrai dire, il a été assez difficile de garder cette attitude en permanence. Même quand je pleurais, j’essayais de le faire seule, dans la salle de bain. Et quand elles me demandaient « Maman, est-ce que tu es triste ? Tu as pleuré ? » Je restais factuelle et je leur disais la vérité. Je devais pleurer pour me débarrasser de ces sentiments profondément douloureux. Et juste après, je me sentirais mieux. Mes filles ont aussi pris les devants à l’école, et l’ont annoncé à leurs amis avant que des rumeurs ne se mettent à circuler. Mon rôle était aussi de les protéger, parce qu’à cet âge, les autres enfants de l’école pouvaient leur raconter d’horribles histoires et inventer n’importe quoi. C’est pourquoi la confiance que vous instaurez avec vos enfants au tout début est essentielle. C’étaient mes mots et mes phrases qui résonnaient dans leur tête. Elles n’ont été influencées par personne d’autre. Elles n’ont jamais douté de moi. La communication est la clé, n’oubliez jamais ça. Il se trouve que je suis devenue beaucoup plus forte, et mes filles ont acquis une incroyable maturité qui les aidera dans leur propre vie, quelle que soit la situation. Elles s’adaptent, elles sont tolérantes, réalistes, indépendantes et autonomes. Ce sont de grandes qualités, et j’espère que vous réalisez que le cancer du sein n’est pas obligatoirement une traversée du désert. Vous jouez le premier rôle et vous êtes celle qui doit donner le ton à la maison pour le bien-être de tous. En fait, nous avons même fait une séance photo ensemble. Je voulais capturer la beauté de notre trio, leurs magnifiques cheveux longs, les corps dont je voulais qu’elles prennent soin.  Je voulais saisir la beauté de nos différentes générations : une enfant, une jeune ado et moi. C’était si symbolique et si puissant. Cela restera gravé dans nos mémoires. Cela demande beaucoup d’efforts d’être une maman, une héroïne, mais vous y arriverez ! Vous êtes toutes mes héroïnes !

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