Ne te caches pas!

Ouvrez les yeux ! Se cacher ne sert à rien, le cancer du sein finit toujours par nous trouver. Mais NOUS allons reprendre le contrôle. C’est ce que j’ai fait, j’ai retrouvé mes esprits en me regardant dans le miroir, droit dans les yeux. Dites-le, criez-le, répétez-le. Formez ces mots avec votre bouche. – « Oui, j’ai un cancer du sein, mais c’est moi qui suis aux commandes. ». Oui, je vais te montrer, mon ennemi, que tu as frappé à la mauvaise porte ! Tant pis pour toi, je vais te détruire ! Le jour où on m’a confirmé que j’avais un cancer du sein, il m’a fallu seulement quelques heures pour ne plus être une victime mais celle qui est aux commandes. Il m’a fallu seulement quelques heures pour ACCEPTER que j’avais un cancer du sein. Comment suis-je parvenue à changer d’état d’esprit aussi facilement, me demanderez-vous ? La réponse vous semblera peut-être facile, mais c’est la vérité. J’ai simplement regardé les gens que j’aime, mes filles et mon mari, et une pensée m’est venue naturellement : « Quelle idiote je fais ! Je ne devrais pas être bouleversée. Je devrais être heureuse que cela m’arrive à moi et pas à eux... » Comment pourrais-je supporter de voir l’un d’eux se battre pour sa vie et le soutenir dans ce combat ? J’étais persuadée qu’il me serait beaucoup plus difficile de gérer cette situation que d’être malade moi-même.  Je suis la personne la plus solide de cette famille, et je vais y arriver ! L’ennemi a bien fait de frapper à ma porte et pas à une autre ! À ce moment précis, j’ai changé d’état d’esprit. Je me suis sentie forte, comme une super-héroïne. LEUR super-héroïne. Prête à me battre et à leur montrer que RIEN n’allait changer dans LEURS VIES. J’ai décidé que je ferais tout mon possible pour qu’ils ne ressentent ni ne voient aucune différence chez leur maman ou leur épouse. Je ne voulais pas faire ce plaisir à mon ennemi. J’ai donc décidé de continuer à vivre en restant toujours aussi active, à sourire, rire, cuisiner, danser, inviter mes amis, être la mère parfaite, l’épouse parfaite, l’amie parfaite... Quand vous constatez à quel point vos proches sont tristes et inquiets au Jour 1, il devient évident que la seule façon de les aider est de se comporter comme d’habitude et de rester la personne que vous êtes. Compenser les défaites avec d’autres victoires. Leur montrer que vous êtes consciente de ce qui se passe et que vous ne laisserez jamais le cancer vous prendre par surprise. Ce qui m’a aidée à communiquer et à instaurer la confiance chez mes filles et ma famille, c’est de leur dire et leur expliquer ce que j’allais traverser, étape par étape. Leur dire dans le même temps que j’étais prête, que j’étais la plus forte et que j’étais aux commandes. Leur dire aussi que j’avais accepté ce défi, que je respecterais les règles du jeu, et que je gagnerais. Je leur ai expliqué qu’ils étaient mes coachs et qu’ils me verraient parfois prendre quelques coups sur le ring qui se verraient sur mon corps ou dans mon attitude.  Et je leur ai dit que, bien sûr, je gagnerais parce que j’avais bien l’intention d’envoyer mon ennemi au tapis jour après jour ; à chaque opération, chaque thérapie cellulaire, chaque radiothérapie, chaque pilule du traitement hormonal que je suis toujours... À chaque fois que mon ennemi me croirait au plus bas, il me découvrirait en train de remonter la pente en étant... PROACTIVE ! « Comme un profiler, je cherche à comprendre qui tu es, ce que tu n’aimes pas, pour te prendre en chasse et m’assurer de te nourrir uniquement avec tout ce qui te détruit » Tout le monde peut devenir un profiler proactif et expert ! En trouvant des informations, en lisant des articles, des études, des blogs d’autres malades, en posant les bonnes questions à votre médecin, en recherchant des organisations et des associations, des communautés, etc. L’information, c’est le pouvoir, et c’est tellement vrai dans notre cas ! Prenez le temps de vous donner les moyens et les armes pour lutter ! Je vais vous donner quelques conseils et astuces, parce que « vous ne pouvez pas savoir ce que vous ne savez pas », surtout si vous venez d’apprendre la nouvelle. Vous découvrirez un certain nombre de choses pendant votre parcours, mais il sera peut-être trop tard pour profiter pleinement de ce que vous aurez appris. Car il y a clairement des lacunes dans les informations qui nous sont transmises par les médecins, soit par manque de temps, soit parce qu’ils emploient un langage ou des codes que nous ne comprenons pas.  C’est la raison pour laquelle il est crucial de communiquer entre malades. Je veux savoir ce que vous pensez et ressentez. Nous attendons du personnel médical qu’il fasse preuve d’empathie (du moins, c’est ce que j’attends), mais pas nécessairement de compassion.  POURQUOI ?  Parce que je ne veux pas être perçue comme une victime, mais comme celle qui est aux commandes. La compassion peut faire naître en moi un sentiment que je n’apprécie pas, sauf si elle est exprimée par une personne qui a vécu la même expérience, parle la même langue et comprend mes expressions non-verbales (ex. : corporelles et faciales). Comment être proactive et toujours garder une longueur d’avance ? Acceptez et ne vous considérez pas comme une victime : MA RÈGLE NUMÉRO UN. Nos vies ne seront plus jamais les mêmes, mais souvenez-vous que vous n’êtes pas seule. Nous sommes tellement nombreuses ! Bien sûr, nous avons le droit de nous demander « Pourquoi moi ? ».  Nous avons le droit de pleurer, crier, nous plaindre, être bouleversées, être fatiguées, ne pas sortir de notre lit, dire non, rester chez nous, nous cacher, nous isoler... Mais tout cela doit rester exceptionnel. Ça ne doit pas devenir une nouvelle façon de vivre ou une nouvelle habitude. Pourquoi ? Parce que c’est la solution de facilité, un raccourci. Et parce que nous n’aurons jamais de réponse à la question « Pourquoi moi ? ». Il n’y a aucune preuve que notre maladie soit due au stress, au tabagisme, etc. Il y a de nombreuses théories, mais nous sommes toutes différentes.  Une chose est sûre : nous ne sommes pas responsables, même si une bonne partie d’entre nous cherchera à savoir pourquoi elle a développé un cancer du sein et croira avoir trouvé la réponse. Cette façon de penser est très néfaste, et j’estimais qu’elle ne m’apporterait qu’un sentiment de culpabilité. Et c’est terriblement injuste. J’ai donc chassé cette idée de ma tête, transformé ma tristesse en positivité et en force, et laissé les gens parler. Je m’en fichais.  Ne pas regarder en arrière, mais devant soi ! Cela a été ma meilleure protection et l’anti-douleur physique et psychologique le plus puissant pour moi. J’ai suivi cette règle pendant tout mon parcours : avant chaque opération, après chaque opération, avant chaque thérapie cellulaire ou radiothérapie, etc. Les effets secondaires ont été incroyablement minimisés, et... j’ai pu garder le sourire et devenir cette super-héroïne ! Pour être honnête, ce cancer du sein a été long pour moi. Très long.  J’ai vécu plein de choses imprévisibles et que je ne pouvais pas contrôler alors que je pensais en être capable. Mais nous pouvons mettre toutes les chances de notre côté pour gagner, simplement en acceptant, en étant préparées, en gardant une longueur d’avance et en restant positives. Transformez cette page de votre histoire en une opportunité de changer certains aspects de votre vie. Préparez-vous aussi à découvrir qui sont vos véritables amis.  Vous serez surprise de voir qui sera présent pour vous et qui disparaîtra de votre vie. Vous serez très étonnée par l’évolution de votre façon d’apprécier les choses. Vous réaliserez combien un ciel bleu peut être beau, combien chaque mot compte. J’aurai plaisir à poursuivre ce blog pour vous inspirer et vous donner les clés pour relever tous les défis de ce parcours inconnu qu’est le cancer du sein. Merci de m’avoir lue, vous êtes toutes mes héroïnes !

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